Accompagner le processus de deuil avec l’hypnose ericksonienne
Perdre un être cher, une relation, un projet, une situation de vie… le deuil n’est pas seulement la conséquence d’un décès : il peut toucher toutes les formes de perte. Chaque deuil est unique, intime, profondément humain.
Et pourtant, il existe un fil conducteur : un chemin intérieur que nous traversons, souvent douloureusement, mais qui peut aussi nous transformer.
L’hypnose ericksonienne offre dans ce parcours un accompagnement doux, respectueux, profondément humain.
Comprendre le processus du deuil
Le deuil est un processus naturel : il ne s’agit pas d’« oublier » mais d’apprendre à vivre autrement avec la perte.
Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre américaine, a décrit cinq grandes étapes du deuil :
- 
Le déni : la réalité est trop brutale, l’esprit la rejette.
 - 
La colère : contre la situation, le destin, parfois contre soi-même ou contre la personne disparue.
 - 
Le marchandage : une forme de négociation intérieure, souvent empreinte de culpabilité : « Si seulement j’avais fait autrement… ».
 - 
La tristesse ou la dépression : le vide s’installe, la perte devient réelle.
 - 
L’acceptation : la personne commence à se réorganiser intérieurement, à trouver une nouvelle forme d’équilibre.
 
Ces étapes ne sont ni linéaires ni obligatoires.
Certaines personnes restent longtemps entre deux phases, d’autres les traversent dans un ordre différent. Ce qui compte, c’est le mouvement intérieur : passer de la sidération vers une intégration de la perte.
Les trois grands cas de figure rencontrés en hypnothérapie
Dans la pratique de l’hypnose ericksonienne, on distingue généralement trois situations principales lorsque l’on accompagne un deuil.
1. Le deuil « normal »
Il s’agit du processus naturel et sain que traverse une personne après une perte.
Le deuil d’un être cher dure en moyenne entre un et deux ans, selon la relation et la personnalité de chacun.
Dans ce cas, le rôle de l’hypnothérapeute est d’accompagner les phases du deuil, sans chercher à les accélérer.
L’écoute, la bienveillance et l’accueil de la parole sont essentiels. L’hypnose sert ici à :
- 
aider la personne à exprimer ses émotions,
 - 
éviter que ces émotions ne se bloquent,
 - 
favoriser la fluidité du processus intérieur.
 
C’est un accompagnement de soutien, une présence thérapeutique douce pour que la douleur puisse peu à peu se transformer.
2. Le deuil non fait
Ce cas se présente lorsque, bien au-delà du temps habituel du deuil, une charge émotionnelle reste bloquée.
La personne sent que quelque chose ne s’est pas apaisé, que la douleur reste vive, qu’elle ne parvient pas à tourner la page.
L’hypnose permet alors de libérer cette charge émotionnelle restée prisonnière dans l’inconscient.
Ce travail se fait souvent à travers des symboles, des dialogues intérieurs, ou des rituels hypnotiques de libération.
L’objectif est de permettre au cœur et à l’esprit de retrouver leur capacité naturelle à accepter et à se réorganiser.
3. Le deuil inconscient
Il existe enfin un troisième cas de figure, plus subtil : celui du deuil non fait totalement inconscient.
La personne ne sait pas qu’un deuil n’a pas été accompli.
Elle vient consulter pour tout autre motif : un mal-être diffus, des blocages émotionnels, un sentiment d’incomplétude, une perte de sens.
C’est au cours de l’anamnèse (l’entretien thérapeutique) ou parfois en état d’hypnose que l’information peut émerger.
Quand l’inconscient se sent en sécurité, il peut faire remonter spontanément le souvenir d’une perte ancienne, parfois oubliée, afin de libérer la charge émotionnelle restée en suspens.
C’est un moment fort et profondément transformateur, où la personne comprend enfin ce qui pesait inconsciemment dans sa vie.
L’apport spécifique de l’hypnose ericksonienne
L’hypnose ericksonienne, fondée sur l’approche du psychiatre Milton Erickson, repose sur la conviction que chaque personne possède en elle les ressources nécessaires pour surmonter ses difficultés.
L’hypnose ne cherche pas à “effacer” la douleur : elle permet de transformer la relation que nous avons à cette douleur.
Une approche douce et respectueuse du rythme de chacun
Sous hypnose, la personne entre dans un état de conscience modifié, entre veille et rêve. Dans cet espace intérieur, il devient possible :
- 
d’accéder aux émotions enfouies sans être submergé,
 - 
d’explorer les souvenirs de manière symbolique,
 - 
de libérer la culpabilité ou la colère,
 - 
et de redonner un sens à la relation perdue.
 
L’hypnose ericksonienne n’impose rien.
Le praticien utilise des métaphores, des images, des suggestions subtiles, pour accompagner l’inconscient à faire son propre chemin.
Chaque séance s’adapte à la personne, à son histoire, à ce qu’elle est prête à vivre.
Comment se déroule un accompagnement hypnotique du deuil ?
L’accompagnement se fait en plusieurs étapes, toujours dans la bienveillance :
1. Le temps de la parole
Un premier échange permet de comprendre la nature de la perte, la phase du deuil, les émotions dominantes.
Il s’agit d’un temps d’accueil : sans jugement, sans précipitation.
2. L’entrée en hypnose
Par la respiration, l’attention au corps, ou des images paisibles, la personne entre en état hypnotique : un état naturel entre relaxation et concentration intérieure.
3. Le travail symbolique
Selon la situation, l’hypnothérapeute peut proposer :
- 
un dialogue intérieur avec la personne disparue,
 - 
un rituel symbolique pour déposer ce qui pèse,
 - 
ou une visualisation de continuité, où le souvenir devient ressource plutôt que souffrance.
 
4. La réconciliation intérieure
Le travail se fait souvent autour de la culpabilité, de la colère, ou du sentiment d’injustice.
L’hypnose aide à apaiser ces émotions en profondeur, en rétablissant la cohérence intérieure.
5. L’intégration et la transformation
Peu à peu, la personne retrouve la capacité de se projeter.
Elle comprend qu’aimer quelqu’un ne signifie pas souffrir éternellement, mais honorer la mémoire de cette relation en continuant à vivre pleinement.
L’hypnose, un outil parmi d’autres
L’hypnose ericksonienne ne se substitue pas à un accompagnement psychologique classique, ni au soutien familial ou spirituel.
Elle complète ces approches en offrant un espace de symbolisation et de transformation intérieure.
L’hypnose peut aussi être utile après d’autres formes de pertes :
- 
séparation amoureuse,
 - 
perte d’emploi,
 - 
départ des enfants,
 - 
maladie ou changement de vie.
 
Chaque deuil, quel qu’il soit, est une occasion de renaissance intérieure.
Une invitation à la douceur envers soi-même
Le deuil n’est pas un combat à gagner, mais un chemin à parcourir.
Certains jours sont calmes, d’autres douloureux. L’hypnose aide à accueillir ces mouvements, à retrouver un espace de paix intérieure.
Elle offre cette possibilité rare : entendre à nouveau la vie murmurer doucement sous la douleur.
Références et études sur le sujet
- 
Jossé, E. (2012). Hypnose et deuil. Revue Ère Libre – Bien-être personnel et professionnel. PDF disponible en ligne
 - 
Kübler-Ross, E. (1969). On Death and Dying. New York: Macmillan.
 - 
Harvard Medical School (2016). Hypnosis for pain and emotional healing.
 - 
NaturoHypno.fr – Deuil et hypnose : une aide pour revenir à la vie (lien)
 - 
Centre de formation CFOPS – Hypnose et accompagnement du deuil (lien)
 - 
Virginie Hébert Hypnose – Faire son deuil grâce à l’hypnose (lien)
 - 
HappyEnd.life – L’hypnothérapie dans le processus de deuil (lien)
 
Et vous ?
Peut-être traversez-vous vous-même un deuil, récent ou ancien.
Et si, plutôt que d’essayer d’oublier, vous vous offriez un espace de paix, un moment pour accueillir ce qui est encore là ?
L’hypnose ericksonienne n’efface pas la douleur ; elle permet de revenir à la vie, avec douceur.


