Il ne suffit que d’un
Il y a une quinzaine d’années, une femme est venue me consulter. Son rêve était d’avoir un enfant, mais les médecins, après examens, lui avaient dit froidement : « C’est dans la tête. »
Ces mots l’avaient blessée. Comme beaucoup d’autres femmes avant elle, elle s’est alors tournée vers l’hypnose ericksonienne. Elle avait entendu dire que certaines femmes avaient pu débloquer un frein émotionnel ou cognitif grâce à quelques séances avec moi, et que cela avait ouvert la voie à une grossesse.
Nous avons fait deux séances ensemble. Mais rapidement, j’ai senti que son inconscient m’envoyait des signaux très clairs : le problème n’était pas là. Je ne pouvais pas, bien sûr, lui dire le contraire des médecins. Elle aurait été perdue entre des messages contradictoires. J’ai donc simplement conclu notre travail par ces mots : « Nous avons fait ce qu’il y avait à faire. Maintenant, laissons le temps agir. »
Quelques mois plus tard, c’est son mari qui franchit la porte de mon cabinet. Triste, abattu, il m’explique qu’après un spermogramme, on lui avait annoncé qu’il produisait trop peu de spermatozoïdes, et qu’ils étaient trop faibles.
Il voulait apprendre à faire le deuil d’une paternité qu’il croyait désormais impossible.
Nous avons travaillé ensemble. Il est entré facilement en hypnose, dans un état relativement profond. Après une vingtaine de minutes, une idée m’a traversé l’esprit. Une idée un peu folle, que je ne savais pas même scientifiquement possible. Mais il y a ce proverbe de Mark Twain que j’aime beaucoup : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »
Alors, j’ai osé. Avec prudence, presque en chuchotant, j’ai suggéré que peut-être, si chaque spermatozoïde, aussi faible soit-il, pouvait transmettre sa petite force à un seul d’entre eux, ce dernier deviendrait assez puissant pour féconder l’ovule. Après tout, il n’en suffit que d’un, n’est-ce pas?
La séance s’est poursuivie, toujours orientée vers l’objectif initial : l’accompagnement de son deuil. Lorsqu’il est revenu à lui, il m’a dit en souriant :
— « Vous savez, je vous ai entendu. »
— « Entendu ? »
— « Oui… le transfert de force. C’était gentil, merci. Mais je n’y crois pas trop… merci quand même. »
Il n’y croyait pas, et pour être honnête… moi non plus vraiment.
Trois ans plus tard, je reçois à nouveau sa femme. Dans son message de prise de rendez-vous elle précise qu’elle vient me consulter pour du stress et du surmenage.
Et là, surprise : elle est enceinte. Naturellement, je la félicite et je lui dis à quel point je suis heureux pour elle et son mari, enfin devenus parents.
Mais elle me sourit et me dit :
— « Ce n’est pas le premier. »
Et elle m’explique qu’elle est tombée enceinte… une semaine seulement après la séance de son mari. Le jour où ils ont appris la nouvelle, il a pleuré dans ses bras en disant :
« Il avait raison… il ne suffit que d’un. »
Aujourd’hui, ils sont une famille de cinq. Et, ironie du sort, c’est encore moi qui ai eu le privilège d’accompagner madame dans la gestion du stress et du surmenage que demandent trois enfants pleins de vie.
Conclusion
Je ne prétends pas que l’hypnose ait un pouvoir magique sur la biologie. Mais parfois, l’inconscient trouve des chemins insoupçonnés pour nous rapprocher de nos rêves.
Ce que j’ai retenu de cette histoire, c’est qu’au-delà des protocoles, des théories et des certitudes, il reste parfois une place pour l’inattendu, pour ce petit grain de possible qui peut tout changer.
Parce qu’après tout… il ne suffit que d’un. ✨
Cette histoire reste une anecdote unique dans mon parcours : elle ne constitue en rien une preuve scientifique ni une garantie de résultat pour des situations similaires.