Comme la plupart de mes confrères je constate depuis plusieurs années que les femmes prennent plus facilement rendez-vous pour travailler sur elles que les hommes.

Se confier, et confier nos problèmes à un thérapeute n’est pas chose aisée. Cela demande du courage car bon nombre de personnes sentent à la fois un besoin de consulter un spécialiste pour avancer sur une problématique et en même temps, en se rendant au cabinet du thérapeute, elles sentent dans leurs corps comme une envie de faire demi-tour. Le courage c’est alors de sentir ce stress et d’y aller quand même, pour au final prendre conscience que tout se passe bien.

Mais alors, les hommes manquent-t-ils de courage?

Les hommes manquent-t-ils de courage ou l’orgueil leur fait-il croire qu’ils n’ont pas besoin de travailler sur eux ?

C’est à première vue ce qu’on pourrait croire mais la raison est certainement à chercher ailleurs, dans notre rapport à la vulnérabilité.

Exprimer ses émotions, parler de ses faiblesses ou de ses problèmes c’est exprimer sa vulnérabilité et prendre le risque de découvrir encore plus d’émotions et de faiblesse cachées dans les profondeurs de notre inconscient.

Education émotionnelle

Notre société a tendance a encourager les femmes à exprimer leurs émotions alors qu’elle encourage les hommes à être forts. Et cela commence dès l’enfance ! Etrangement c’est l’encouragement à l’expression des émotions qui pèse dans la balance lorsqu’il s’agit de se poser la question d’entamer une thérapie. Cette vulnérabilité fait que les femmes sont plus enclines à parler de leurs émotions à un thérapeute et donc…à progresser sur leurs chemins de vie là où la « force » apparente risque de figer l’homme dans ses blocages.

Pression sociétale

Les hommes sont souvent soumis à des attentes sociales qui valorisent la maîtrise de soi et la résistance aux difficultés ce qui rend plus difficile l’idée de demander de l’aide psychologique. Les films et les séries sont remplis d’hommes forts, résistants et résilients qui lorsqu’ils tombent se relèvent tout seul.

Différence dans la manière de gérer le stress et les émotions

Les femmes ont tendance à utiliser des stratégies d’adaptation centrées sur les émotions, comme parler ou exprimer leurs sentiments ce qui les conduit plus naturellement à entreprendre une psychothérapie où elles vont parler et exprimer leurs émotions.

En revanche les hommes privilégient souvent des mécanismes d’adaptation plus pratiques ou d’évitement, comme le sport, les jeux vidéos ou d’autres activités pour gérer le stress.

Méconnaissance des symptômes

Les hommes sont parfois moins à l’écoute de leurs propres souffrances psychologiques et peuvent facilement ignorer leurs problématiques. C’est d’ailleurs souvent les épouses qui prennent rendez-vous pour leurs maris et lorsque le mari se retrouve devant le thérapeute il ne sait pas exactement ce qu’il fait là.

Perception des soins en santé mentale

Là encore les femmes sont plus enclines à faire confiance à une forme de thérapie là où les hommes se montrent souvent plus sceptiques. C’est en tout cas vrai pour l’hypnose thérapeutique. Lorsque je parle de mon métier les femmes posent des questions sur le « comment ça marche » et souvent les hommes me demandent « SI » ça marche et me font part de leur scepticisme.

La vulnérabilité est une force

Montrer sa vulnérabilité signifie accepter nos propres imperfections et donc oser être authentique. La vulnérabilité est la porte d’entrée de la thérapie, de la relation d’aide et des relations profondes et sincères en générale.

La vulnérabilité nous pousse à oser sortir de notre zone de confort, à prendre des risques et à apprendre de nos erreurs. Elle est essentielle à la croissance personnelle car elle permet de reconnaître nos limites pour pouvoir travailler dessus.

Accepter notre vulnérabilité est un antidote à l’orgueil et permet d’accueillir nos échecs et nos difficultés plutôt que de les cacher ou de se décourager.

La vulnérabilité est un acte de courage qui ouvre la voie à des relations authentiques, en couple comme dans nos relations amicales et professionnelles. C’est précisément dans l’acceptation de nos imperfections que réside notre force car se croire « invulnérable » c’est prendre le risque de stagner…dans un monde qui évolue et où rien n’est figé ni permanant.

Aidez nous à accepter d’être vulnérable

Et dans le « nous » je m’inclus dedans car ne pas m’y inclure serait vous faire croire que ma propre vulnérabilité est acquise et que je n’ai plus rien à faire de ce coté là.

Si j’ai pu accepter ma vulnérabilité c’est parce que mon épouse à toujours eu sur moi un regard d’amour lorsque je m’ouvrais à elle. Vouloir forcer les hommes à aller parler à un psychothérapeute sans lui laisser l’espace nécessaire pour accueillir sa propre vulnérabilité et quasiment voué à l’échec.

Si j’ai un message à faire passer aux hommes ce serait: n’ayez pas peur de vos émotions et des larmes qui pourraient sortir en les exprimant. J’ai moi aussi beaucoup pleuré devant mes thérapeutes et mes confesseurs et mes larmes sont les armes de mon âme qui m’ont fait grandir. Je serais bien incapable de juger un homme qui pleure, bien au contraire.